dimanche 9 mai 2010

RFI à l’UCAD

« Vous êtes le recteur le moins performant de l’histoire de l’UCAD »


« Université Cheikh Anta Diop, 50 ans après » est le thème de l’émission media d’Afrique que la radio France internationale à enregistrer en plein air à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. D’illustres invités se sont succédés sur le plateau.


La devanture de la bibliothèque universitaire est le cadre choisi par les organisateurs de RFI pour installer leur arsenal. Il est 15 heures 30 lorsque la mise en place est terminée, le soleil brillant est loin de finir sa course dans le ciel. Les abords de la bibliothèque et de la faculté des lettres sont bondés de monde, la plupart sont étudiants avec quelques rares journalistes. Les techniciens de la radio courent dans tous les sens pour peaufiner les derniers réglages. L’ordre est donné pour rejoindre les sièges installés pour la circonstance avec une haie de sécurité pour éviter les débordements. Les étudiants se ruent vers les chaises et en un clin d’œil ces centaines de chaises sont envahies. Alain Foka, présentateur de l’émission media et archive d’Afrique sur RFI, commence par prendre le pouls du public, « est ce Dakar est la, c’est timide … on ne vous sent pas, j’espère que tout au long de l’émission vous allez vous réveillez » ce ne sont pas ces mots qu’il débute.
Il demande aux invités de s’installer et parmi eux on peut remarquer la présence du ministre de l'Enseignement préscolaire, de l'Elémentaire, du Moyen, du Secondaire et des Langues nationales, Kalidou Diallo, Abdou Salam Sall, recteur de l’UCAD, Youssouf Touré syndicaliste et Mamadou Sy Albert, chargé de communication du Centre des œuvres universitaires de Dakar(Coud). En introduisant le sujet le recteur a fait mention que l’UCAD est une bonne unité de formation et c’est dommage que les étudiants eux même ne croient pas a cette université, il n’a pas manqué de dire aussi qu’elle occupe le treizième rang en Afrique. Avant même que celui-ci ne termine ses propos, M. Touré bondit sur son micro et de lance « il y’a un décalage entre le discours tenu par les autorités et la réalité vécu par ces étudiants car on ne peut pas parler de la qualité de l’enseignement dans une université où les étudiants sont dans les conditions précaires et si elle était une université d’excellence comme vous le dites, les enfants des riches n’iraient pas dans les pays dits développés pour y chercher le savoir ».Ces phrases sont tombés comme une aubaine pour les étudiants et les applaudissement fusent de partout. Monsieur Sall intrigué reprend la parole pour se défendre : « Youssouf Touré ne connait pas l’université Cheikh Anta Diop et donc il ne peut pas la juger ».
Comme une seule personne et à l’unisson le public a commencé à huer le recteur et comme si cela ne suffisait pas des étudiants, ceux de la faculté des lettres en particulier avec des pancartes à la main se sont mis à faire des va et vient dans l’assemblée. On pouvait lire sur les pancartes « l’amicale notre droit ; le recteur doit réhabiliter notre amicale » au point de déstabiliser le cour normale de l’émission.
« Nous ne sommes pas à une émission à caractère politique, s’il vous plait, on se calme » rappelle Alain Foka.
Malgré toutes ces remontrances l’émission est perturbée et c’est devenu un chaos général. Les organisateurs essaient d’improviser une pause et c’est alors que le calme revient. Le comble de tout ceci c’est l’ambiance hostile qui règnent sur le plateau entre le recteur et Touré au point de presque qu’en venir aux mains n'eût été l’intervention du Ministre et du présentateur. Finalement le thème est laissé de coté et le débat devient un problème de personne.
« Monsieur Sall, vous êtes le recteur le moins performant que cette université ait connu vos devez démissionner car vous n’êtes pas à la hauteur de l’attente des étudiants » lance Touré pour clore ses propos.
Pendant toute l’émission la parole est restée entre le recteur et Youssouf Touré, les autres invités n’ont eu droit car une seule prise de parole. Les étudiants en ont profité pour régler leur compte avec le recteur en le huant à chaque fois qu’il prenait la parole.



Fidèle GUINDOU

«Il ne faut pas attendre de moi que je montre une fausse image de l’Afrique …»




Alain Foka, journaliste à RFI, a accordé une interview au Dakar Bondy Blog lors de son passage à Dakar ce lundi 03 mai. Exclusivité !
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Alain Foka, je suis journaliste à Radio France Internationale depuis 16 ans et avant j’étais à Europe 1 et à France Inter où j’ai démarré en 1984.

Le cinquantenaire des pays africains fait la une des presses, quel bilan Alain Foka peut faire de ces 50 ans d’indépendance ?

Un bilan plutôt négatif car on est le dernier continent et cela veut dire que nous avons pas brillé. La santé laisse à désirer un peu partout et l’éducation a reculé par rapport aux années d’avant indépendance. L’économie est au plus mal et nous ne connaissons que des crises à répétition. Mais en même temps, il ya de l’ espoir parce qu’il ya des ressources humaines de plus en plus importantes. Aux indépendances on avait très peu de cadres qui ont été formés de façon rapides. Aujourd’hui, il ya des diplômés un peu partout en Afrique. Quelques soit ce qui va se passer dans les cinquante prochaines années, il va y avoir l’éclosion d’une Afrique positive, un peu plus efficace. Mais quand je jette un coup œil en arrière pour les cinquante ans, on va dire que c’est globalement négatif.

Les medias occidentaux ont tendance à dénigrer l’image de l’Afrique, vous êtes un africain dans un organe de presse européen et qu’est ce vous faites concrètement pour redresser le tir ?

(Rires). Je pense que l’ensemble des émissions que je fais va dans le sens de donner une image plurielle de l’Afrique. Le but n’est pas d’enjoliver, il n’est pas question de mentir et de montrer l’autre Afrique. Que ce soit Archives d’Afrique que je présente et anime depuis 15 ans, ou Media d’Afrique j’essaie de donner une version africaine des choses. Je raconte l’histoire de l’Afrique à travers ses grands hommes avec les témoignages des acteurs, ce qui n’était pas le cas avant. J’essaie de me rapprocher de la vérité. Et ensuite, dans media d’Afrique, je donne la parole aux journalistes africains de dire leur manière à eux de voir l’actualité internationale et je pense que c’est une façon plurielle de montrer l’autre Afrique. Pendant un moment, j’ai présenté un magazine que je dois recommencer bientôt qui s’appelle Afrique Plus, qui montre ce qui se fait de positif en Afrique, de rompre avec l’afro-pessimisme en montrant l’autre Afrique par ceux qui créent des richesses et de ceux qui font des choses positives à travers un grand media international qu’est RFI, de montrer l’autre Afrique celle des africains eux même, voila ma façon à moi de contribuer . Mais il ne faut pas attendre de moi de montrer une fausse image de l’Afrique, ce serait de tomber dans l’autre travers, donc je ne la ferai pas.

D’où vous est venue l’idée de vos émissions sur Rfi ?

L’idée d’Archives d’Afrique vient tout simplement d’un constat. J’ai fait mes études jusqu’en terminales en Afrique et on n’apprenait pas l’histoire de l’Afrique. C’est en occident que j'ai appris cette histoire et c’était une frustration réelle. Il faut savoir que j’ai d’abord été journaliste reporter d’images , donc j’ai sillonné le continent et je me suis rendu compte que les jeunes connaissaient moins cette histoire. Cela s’impose à moi de raconter notre histoire. Si on parle de Mamadou Dia et de Léopold Sedar Senghor, peu de gens les connaissent finalement, peu de gens connaissent l’histoire de la fédération de Mali.

Média d’Afrique vient du fait qu'à un moment donné, l’Afrique était envahi par la presse internationale, ce qui continue toujours. Elle donne un point de vue sur tout et jamais on a écouté ce que les africains disent de cette actualité, ce qui n’est pas moins bon ou mieux que celle de l’occident, et mérite d’être connue

Quel est le cursus d’Alain Foka ? Comment est-il devenu journaliste ?

Moi, je suis passé par le circuit normal. J’ai fait en même temps les sciences politiques et l’école de journalisme en France. Ecole supérieure de journalisme dans un premier temps, puis le centre de formation de la rue du Louvre et par la suite j’ai fais les sciences politiques de Paris. Après quoi je suis allé aux Etats-Unis pour faire deux ans dans un magazine appelé Ebony, avant de revenir en France.

Quel conseils pouvez-vous donner aux jeunes journalistes que nous sommes ?

Ce que je peux dire, c’est de développer la culture générale, de beaucoup lire. Malheureusement, on se rend compte les jeunes n’ont plus de références livresques sociologiques, philosophique. Il faut connaître l’histoire. Il faut se cultiver. Si on veut être journaliste, il faut lire et être très curieux et naturellement avoir beaucoup d’audace.

Doit-on s’attendre à voir Alain Foka un jour à la tête d’un groupe de presse africain ?

Ce n’est pas vraiment mon aspiration pour l’instant, sinon je suis à la tête d’un groupe de production que j’ai crée qui s’appelle Phénix, basé à Paris depuis 1992, et je pense que je suis utile là où je suis et c’est ce qui me passionne, parler au plus grand nombre d’Africains.

Alain Foka est il marié ?

(Rires). Je suis marié et père de quatre enfants, deux filles et deux garçons. Ma femme est Nigérienne Libyenne, bof un métissage compliqué…


Fidèle GUINDOU -